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mercredi 11 janvier 2012

Êtes-vous vraiment fidèle?

Dîtes-moi si je me trompe, mais il semble que l’une des grandes inquiétudes des entreprises, en cette période de pénurie de main-d’œuvre qualifiée, c’est l’engagement des employés envers leur employeur. L’engagement, et ce qui en découle souvent, la fidélité. Pas vrai?

C’est que le marché de l’emploi est en pleine révolution… Les baby-boomers, dont l’une des caractéristiques est la fidélité, sont en âge de partir à la retraite. Et déboulent les toutes nouvelles générations – X, Y, C, Millenium, etc. –, aux valeurs diamétralement opposées. Du coup, certains employeurs paniquent et commencent à se dire qu’il faut tout faire pour retenir un peu plus longtemps les baby-boomers. Bref, ils ont le réflexe de se mettre la tête dans le sable…

Cette inquiétude grandissante, elle était palpable, hier, à la conférence Les affaires intitulée Fidélisez vos meilleurs talents, qui s’est tenu au Hyatt Regency de Montréal (et qui se poursuit aujourd’hui-même, avec des ateliers pratiques). L’audience était avide de conseils et autres astuces pour s’assurer de la fidélité des employés, un peu comme un conjoint vieillissant qui commence à avoir peur de ne plus plaire à l’amour de sa vie…

D’emblée, Christian Vandenberghe, professeur de management aux HEC Montréal, a asséné un coup de massue, lors de la présentation qui a débuté la journée : «Une étude que j’ai menée l’an dernier avec des collègues montre qu’au Canada 35% des employés sont désengagés. Cela signifie qu’1 employé sur 3 risque bel et bien de démissionner volontairement dans les 12 prochains mois», a-t-il dit. (Lourd silence dans la salle.)

Comment expliquer un tel désamour? Pour y voir plus clair, il convient de réfléchir sur la notion d’engagement, que l’on peut définir comme le lien que l’employé perçoit entre lui-même et son employeur. D’après le professeur, il existe trois formes distinctes d’engagement :

> Affectif. L’employé s’identifie aux valeurs et aux objectifs de l’entreprise.

> Normatif. Ça correspond, entre autres, au sentiment du devoir, ou à la dette morale que l’employé considère qu’il a envers l’entreprise.

> Calculé. Ce sont les raisons matérielles qui incitent l’employé à rester là où il est. «C’est ce que j’appelle le mauvais cholestérol», souligne le professeur.

On le voit bien, la première forme – l’affectif – est la meilleure des formes d’engagement, car les liens entre l’employé et l’employeur sont alors sains et durables. Quant aux autres, ils posent inévitablement des problèmes, à plus ou moins long terme : par exemple, le jour où un concurrent va proposer à votre jeune prodige des meilleures conditions de travail (salaire, avantages sociaux, etc.), celui-ci ne va pas hésiter longtemps à vous quitter.

L’objectif premier de tout employeur qui tient à conserver ses meilleurs éléments – ou à les attirer à lui – va par conséquent consister à tout miser sur l’engagement affectif. Et à transformer les autres types d’engagement en vigueur dans ses rangs en engagement affectif, dans la mesure du possible. Selon M. Vandenberghe, plusieurs leviers sont à sa disposition : offrir du soutien en période de difficulté, développer les compétences des employés, leur faire davantage confiance, reconnaître leur mérite comme il se doit, etc. De ceux-ci, j’en retiens deux qui m’ont paru particulièrement intéressants :

> Prendre des décisions justes. «Un jour, le patron d’une entreprise de camionnage a offert une prime spéciale à l’un des chauffeurs parce que pendant l’année écoulée il ne s’était pris aucun ticket et avait entretenu son véhicule avec un soin extrême. Le lendemain, tous les autres chauffeurs ont protesté, et leur motivation en a pris un méchant coup», a illustré le professeur.

Que s’est-il passé? L’employeur voulait bien faire, en récompensant un employé modèle. Il croyait que cela allait inciter les autres à faire comme lui. «L’erreur, c’est qu’il n’avait pas compris que le processus d’une décision compte plus que le résultat», a dit M. Vandenberghe. Ainsi, il n’a pas fait preuve de transparence et de clarté en attribuant cette prime, n’ayant pas vraiment expliqué à qui que ce soit le pourquoi de sa décision. Il n’a pas non plus rendu les choses prévisibles : c’était une prime surprise, à laquelle personne ne s’attendait, pas même son bénéficiaire. 


Source : LesAffaires.com,  Olivier Schmouker      

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